Herman Leonard, le maître des portraits de jazz.

Herman Leonard est né en 1923 en Pennsylvanie. Très tôt il devient un fan de jazz, commençant à fréquenter les boîtes de Manhattan dès 1940. Son frère l’avait initié à la photographie et ses premières photos furent celles de musiciens qu’il connaissait. Ce ne fut qu’en 1948, après un séjour dans la Birmanie en guerre, après avoir reçu son diplôme (MFA) de l’Université de l’Ohio et après un apprentissage d’un an chez le célèbre portraitiste  Yousuf Karsh, qu’il rentre à New York et installe son premier atelier.

Pendant les huit années suivantes Leonard exerce le métier de photographe pour la publicité et pour des revues diverses. Mais sa passion pour le jazz le pousse aussi souvent que possible dans les boîtes de jazz telles que le Royal Roost, le Minton’s Playhouse et bien d’autres où il suit les carrières de ses musiciens préférés : Charlie Parker, Billie Holiday, Dexter Gordon, Ella Fitzgerald, Ray Brown, Dizzy Gillespie, Sarah Vaughan, Duke Ellington, Gerry Mulligan, Fats Navarro, Louis Armstrong…

En 1956 Leonard va suivre Marlon Brando pour le photographier lors d’un voyage en Extrême-Orient. Puis il s’installe à Paris et fera le tour du monde comme photoreporter ou comme photographe de mode. On lui offre ensuite un poste de photographe officiel dans un maison de disques à Paris, ce qui lui permettra d’assouvir sa passion en photographiant ses amis musiciens qui venaient jouer dans la capitale du jazz des années cinquante. Il fut notamment le correspondant du magazine Playboy en Europe.

Herman Leonard prit des milliers de photos de jazzmen dans les années quarante et cinquante. En 1985 quand son vieil ami le magnat de la presse Daniel Filipacchi demande à revoir toutes ses photos. Il décide alors de les rassembler dans un ouvrage : L’œil du Jazz, paru d’abord en France puis en Angleterre et aux Etats-Unis. Il sera ensuite édité en affiches et calendriers d’art dans les années quatre-vingt-dix par l’éditeur franco-américain Graphique de France.

L’ensemble de l’œuvre de l’artiste compte environ 40 000 négatifs et est conservée dans les archives permanentes de l’American Musical History dans le Smithsonian Museum à Washington. 

Billie Holiday, New York, 1949
Charlie Parker, Lennie Tristano, Eddie Safranski and Billy Bauer, New York, RCA Studios, 1949
Dexter Gordon, Royal Roost, New York, 1948
Charlie Parker, Birdland, New York, 1948

Dizzie Gillespie, Royal Roost, New York, 1948
Duke Ellington, Paris, 1958
Fats Navarro, Royal Roost, New York, 1948
Ella Fitzgerald, New York, 1949
Ray Brown, Birdland, New York City, 1948
Sarah Vaughan, New York, 1950
Sonny Stitt, New York, 1953
Stan Getz, Birdland, New York, 1948

Le photoréalisme.

Focus aujourd’hui sur quelques maîtres du Photoréalisme, que l’on appelle aussi Hyper réalisme.

La bible de ce courant artistique s’appelle Photorealism, de Louis K. Meisel et fut éditée il y a trente ans chez Abrams. C’est la référence absolue. J’avais acheté l’ouvrage chez Brentano’s avenue de l’Opéra, un des seuls endroits en France, dans cette époque pré-internet où l’on pouvait acheter des livres et des magazines venus d’outre-Atlantique.
C’est là que j’ai découvert ces grands artistes, alors peu connus en France, que sont Richard Estes, Ralphs Goings, Richard Bechtle, Don Eddy et tant d’autres…

Le photoréalisme consiste pour un artiste à étudier une photographie puis la reproduire de la façon la plus réaliste possible sur un autre support. Pour ce faire, certains quadrillent la future toile à peindre, d’autres projettent l’image sur leur toile via un rétro projecteur. Tous travaillent d’après photographie. Le peintre photoréaliste ne travaille pas dehors, son champ d’action ne consiste pas à observer la réalité devant ses yeux, mais à saisir les détails minutieux qu’il a précédemment couché sur pellicule. Le procédé est pointilleux, méticuleux et… très long. Don Eddy entre 1976 et 1977 n’a produit que trois toiles, puis s’est mis à considérer possible de passer de deux à quatre ans sur une même oeuvre !

Voici un aperçu de mes toiles préférées, certaines sont dans des musées prestigieux, MoMA… d’autres aux mains de collectionneurs privés. Toutes sont le reflet d’un instantané de l’Amérique avec une profession de foi  : « Tout mérite d’être photographié, (donc peint) sans distinction aucune ».

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Edward Hopper le peintre de la lumière magnifiée !

Pleins phares sur un artiste majeur du 20ème siècle.
Edward Hopper est unanimement reconnu comme l’un des plus grands peintres réalistes du 20ème siècle. La représentation à la fois énigmatique et précise de la solitude qui jalonne son œuvre est une constante de ses paysages, scènes maritimes et intérieurs urbains.
Né en 1882, élevé dans la petite ville balnéaire de Nyack, New York, il décide très jeune de se destiner à une carrière d’artiste. Il étudie à l’Ecole des Beaux-Arts de New York avec Robert Henri, figure majeure du réalisme américain. Il commence à travailler à New York pour des agences en qualité d’illustrateur commercial. Il continue peu de temps après ses études en Europe, notamment à Paris, durant quelques années. De retour à New York il s’installe au n°3 Washington Square North en 1913, adresse qui devient à la fois son foyer et son atelier jusqu’à sa mort en 1967.
A l’âge de 42 ans, sa première exposition à New York établit sa réputation du jour au lendemain et toutes ses œuvres sont achetées. Cela lui permet alors de vivre totalement de sa peinture. La même année il épouse Joséphine Vestille Nivison, elle devient son modèle, sa critique et sa partenaire de tout son vivant. Surnommée  » Jo  » par son époux, elle a suivi comme lui les cours de Robert Henri et est devenue peintre. Nerveuse, colérique, terre à terre, jalouse… leur relation ne sera jamais un long fleuve tranquille.

Au cours des années vingt, ayant atteint une certaine cote et une maturité de style, Hopper ralentit son rythme, ne produisant plus qu’un ou deux tableaux par an. Les paysages marins sont peints sur place mais souvent les autres, tels que stations services, scènes urbaines, passages à niveaux… sont peints de mémoire, réinterprétés dans son atelier d’après ses croquis et annotations. Hopper fut le premier chroniqueur américain influencé par l’apparition de l’automobile dans la vie quotidienne. C’est dans ce domaine qu’il choisit de fixer son regard sur ces scènes qui passent généralement inaperçues, mais qui demeurent malgré tout singulièrement familières.
Edward Hopper, bien après sa disparition, a connu un immense succès d’édition en affiches. Dans les années 80/90 avec Robert Doisneau, Hopper fut dans la top list des auteurs principaux accrochés aux murs de tous les foyers de l’époque ! Les rares boutiques d’encadrement qui existent encore s’en souviennent avec nostalgie…
Arpenteurs du parvis Beaubourg, flâneurs des quais de Seine ou du quartier Latin, promeneurs de Saint Malo et de Lyon, de New York et de Londres, tous croisaient ses affiches qui étaient disponibles en tous lieux. Voici en hommage quelques unes des ses toiles et aquarelles les plus célèbres. (Cliquez pour agrandir)

William Eggleston, l’Amérique en Colorama !

Même si William Eggleston ne participa jamais au programme  Colorama  de la firme de Rochester, Kodak, l’occasion était trop belle de l’associer à cette appellation qui fleure bon l’Amérique en couleur !
William Eggleston est né en 1939 à Memphis,Tennessee, son père est ingénieur et sa mère est la fille d’un juge local. Eggleston grandit dans ce milieu classique de la petite bourgeoisie de l’Amérique profonde où le temps est comme figé depuis des générations.
Enfant, il pratique le piano mais ne commence la photographie qu’à l’université; l’art en soit n’est pas d’une importance capitale dans sa famille.
De ses années de son college à la Webb School où son père l’envoie il n’a que peu de souvenirs positifs. En effet, créée pour développer l’esprit combatif des garçons (nous sommes dans le Sud des Etats-Unis) la Webb School ne colle que très peu à son caractère. Toute forme d’activité autres que physique ou sportive est considéré comme efféminée… Lui qui avait pour passion petit de dessiner, découper, coller et inventer, il s’ennuie à mourir. Il commence alors à affûter son esprit d’observation, à défaut de partager les activités masculines de ses pairs.

Puis, c’est la Vanderbilt University pour un an, le Delta State College pour un semestre, et finalement l’ University of Mississippi, tout cela pour bien peu de chose car il ne ressort avec aucun diplôme.
Le déclic à néanmoins lieu à la Vanderbilt University quand un camarade de classe lui confie son Leica. L’histoire n’a pas retenu le nom de cette personne qui apparemment était un très bon ami !
Tout s’enchaîne assez vite, et s’inspirant au tout début des travaux de Robert Frank, et de ceux d’ Henri Cartier-Bresson, William Eggleston commence ses travaux. En noir et blanc au départ, il s’orientera assez vite vers la couleur.

Infatigable arpenteur du territoire américain, observateur pertinent, un goût prononcé pour déceler la moindre mise en scène dans les situations les plus banales, William Eggleston est à mon goût l’un des quatre plus grands photographes contemporains américains, avec Ernst Haas, Joel Meyerowitz et Stephen Shore.
Voici quelques unes de ses photographies, un périple au cœur de l’Amérique du XX° siècle, en couleur et presque en Cinémascope !

 

 

 

 

Les plus belles couvertures de VOGUE

Condé Nast est la maison éditrice de magazines légendaires tels que Vanity Fair, The New Yorker et surtout Vogue.

Nous nous intéressons ici à une période qui va des années quarante au début de la decennie soixante.

Sous la houlette d’Edward Steichen (qui est nommé chief photographer en 1937) Vogue va alors devenir pour des décennies LE magazine de mode de référence. Il n’y  aura jamais d’autres équivalent.

Les couvertures de Vogue de cette époque représentent la quintessence de la photographie de mode. Finies les illustrations académiques, Vogue passe à la photographie couleur, grandement aidé par l’apparition de la pellicule Kodachrome.

Vogue explose les codes des revues féminines consensuelles d’alors grâce à des photographes de génie comme Erwin Blumenfeld, George Hoyningen-Huene, Louise Dahl-Wolfe ou encore Horst P. Horst.

Edward Steichen conçoit les prises de vue en fonction de leur rapport au texte dans les mises en pages. C’est totalement inédit à l’époque. Il défend une photographie à la fois commerciale mais aussi créative. L’ère de la consommation épicurienne et esthétisante est née !

Voici quelques unes des plus belles photos  ayant ouvert la voie aux magazines de mode actuels; sont incluses quelques photographies du non moins célèbre Harper’s Bazaar.

Andy Warhol : Ceci n’est pas une Soupe Campbell’s !

Clin d’oeil à René Magritte : Puisque tout le monde connait les incontournables d’Andy Warhol que sont les soupes Campbell’s et les sérigraphies de Marilyn, pourquoi ne pas se pencher sur les moins connues. Des images qui n’ont pas été éditées mille fois en posters ni publiées sur tous les blogs du monde.

En voici une petite sélection. Sans ordre ni sujet précis. Juste pour le plaisir des yeux et pour démontrer à quel point Andy Warhol était d’un talent et d’une imagination sans limites. Qui d’autre que lui pour faire le portrait de Mick Jagger un jour, et celui de Mickey le lendemain ?!

 

 

Ernst Haas, un pionnier de la photographie couleur.

Ernst Haas ( 2 mars 1921, Vienne – 12 septembre 1986, New York ) est l’un des principaux photographes contemporains ayant donné ses lettres de noblesses à la photographie couleur.

C’est aussi l’un des protagonistes de ce que l’on appelle communément aujourd’hui la « Street Photography », à une époque où il ne serait venu à l’idée de personne qu’un cliché pris au débotté dans la rue puisse être élevé au rang d’œuvre d’art… et pourtant !

Ils sont peu, ceux qui en 1950 arpentent les rues des villes à l’affut de l’instant décisif, (pour citer Cartier-Bresson)  et à vouloir le faire en couleur… Leica en bandoulière, la focale fixe de 35 mm vissée sur l’appareil, Haas est de ceux-là.

Bien sûr il y a eu depuis des maîtres incontestés de la photographie couleur comme William Eggleston, Stephen Shore ou Joel Meyerowitz. Mais Ernst Haas a ce petit supplément d’âme en plus, cette façon bien à lui mettre en valeur les infimes moments du quotidien des grandes villes. Et surtout, là où Shore ou Eggleston travaillent à l’appareil photo moyen format, lourd et encombrant, Haas avait lui opté pour la souplesse du Leica télémétrique et des pellicules 24 x 36 Kodachrome.

La consécration viendra en 1953  lorsque LIFE publiera une série de 24 pages de son travail intitulée “Magic Images of a City.”

Ce fut le premier reportage couleur complet  présenté dans le magazine.  Dix ans plus tard, il sera à l’honneur  de la première rétrospective du MoMA sur la photographie couleur.

 

L’Amérique durant la grande crise, par les photographes de la Farm Security Administration. (Part 2)

La Farm Security Administration (FSA) était une agence américaine qui fut créée par le ministère de l’agriculture en 1937. Cet organisme faisait parti du New Deal  mis en place par Roosevelt à la suite de la Grande Dépression. Ce projet sera mené jusqu’en 1943.

Voici la suite des photographies de l’article paru ici:

La plupart des clichés sont issus des collections de la Bibliothèque du Congrès.

L’Amérique durant la grande crise, par les photographes de la Farm Security Administration. (Part 1)

Les photographies de la Farm Security Administration sont probablement les plus beaux témoignages de l’Amérique des années trente et quarante.

La Farm Security Administration (FSA) était  une agence américaine qui fut créée par le ministère de l’agriculture en 1937. Cet organisme faisait parti du New Deal  mis en place par Roosevelt à la suite de la Grande Dépression.  Ce projet sera mené jusqu’en 1943.

Le programme de la FSA était chargé d’aider les fermiers les plus pauvres touchés par la Grande Dépression. La FSA prenait  la suite de la Resettlement Administration, créée en 1935, (on utilisera d’ailleurs le sigle FSA indifféremment pour l’un ou l’autre des programmes). Dirigée par l’économiste Rexford Tugwell,  cette agence était chargée de l’aide à l’agriculture sous forme de subventions aux petits paysans, mais également de mener des programmes de planification agraire et de création de coopératives agricoles.

Afin de promouvoir ses réformes auprès du grand public et du Congrès,  la FSA créera une division communication et information. Le but était de réunir tous les documents possibles sur l’agence, pour l’information immédiate mais aussi pour la postérité.

Durant près de deux décennies,  des photographes plus ou moins célèbres mais tous incroyablement talentueux on arpenté le territoire américain en long en large et en travers. Leurs œuvres contribuèrent à réaliser un bilan objectif des conditions de vie et de travail des Américains pendant la grande crise consécutive au krach boursier de 1929

Ces photographies  sont en majorité détenues par la Librairie du Congrès. Elles  dressent  un portrait parfois sans fard des Etats-Unis durant la récession et  jusqu’à la fin de la guerre, avant le renouveau économique.

Prises au moyen format la plupart du temps, ces clichés aux piqués et contrastes splendides sont le socle de la Street photography contemporaine.  Ils ont  inspiré les photographe de renom tels que Erns Haas, Lee Friedlander , Stephen Shore ou encore William Eggleston.

Parmi les photographes travaillant pour la Farm Security, on trouve les célèbres Andreas Feininger, Margaret Bourke-White, Walker Evans, Dorothea Lange,  mais aussi d’autres  moins connus comme John Vachon, Arthur Rothstein, Russell Lee,  Marjorie Collins…

L’ensemble de leurs oeuvres nous  donne  une plongée fabuleuse  dans le cœur de l’Amérique.

(Cliquez sur chaque image pour agrandir)

 

 

 

Man Ray

Man Ray

Dès l’âge de vingt ans, Man Ray, américain d’origine, choisi de devenir à la fois artiste et personnage romanesque. C’est à cette époque qu’il change son nom, Emmanuel Roudnitsky, pour prendre le pseudonyme Man Ray.

Vivant à New York, il fréquente alors Alfred Stieglitz et les habitués de sa galerie, ainsi  que les dadaïstes Duchamp et Picabia. Mais le mouvement Dada qu’il tente d’animer à New York ne reçoit que peu d’écho.

En 1921 à trente ans il s’installe à Paris qu’il ne quittera que pendant la guerre. Au centre de la vie artistique parisienne, il rencontre peintres, photographes, poètes et intellectuels. Son oeuvre photographique, considérée comme l’une des plus inventives de son époque est le résultat de la rencontre entre des techniques de peinture surréaliste et une imagination débordante et décalée.
Mystery, this was the key word closest to my heart and mind. « Mystère, tel est le mot le plus proche de mon cœur et de mon esprit »…

Et c’est bien le mystère qui donne à ses photographies leur atmosphère surnaturelle.

Man Ray ne cessera tout au long de sa vie de faire des expériences, étendant l’ambiguïté entre la fermeté des formes et le vague des ombres. Parmi ses expériences la solarisation est la plus célèbre. Ce procédé est une étape marquante du travail de Man Ray. Son assistante de l’époque Lee Miller, sentant une souris lui passer entre les jambes alluma la lumière du labo pendant qu’une image était dans le révélateur. La solarisation  créa une sorte de halo sur les contours du sujet donnant du relief à l’image. Man Ray trouva là un moyen original pour détourner le coté trop réaliste de la photographie et alimenter la soif d’onirisme des surréalistes.

« Je peins ce que je ne peux pas photographier » se plaisait-il à dire.  En véritable plasticien, il utilisera tous les médiums, mêlant et détournant peintures, photographies et objets. Il décède à Paris,  le 18 novembre 1976.

 

 

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